Bernard Séret
Y a-t-il des requins aux Antilles ?
Jadis, les requins étaient nombreux aux Antilles
Si aujourd’hui les requins sont moins communs, ils étaient abondants aux XVIIe et XVIIIe siècles comme le rapportent les pittoresques récits du lieutenant de marine Louis de Poncy, et du Père Jean Baptiste Labat qui ont explorés les « isles des Amériques » à ces époques.
La pêche a mis les requins en danger
La pêche, et notamment la pêche ciblée sur les requins, a fait décliner sévèrement leurs populations. Et même si la chair de requin n’était pas très prisée, elle était communément consommée car elle était bon marché et la ressource abondante. De cette consommation historique, il subsiste quelques recettes traditionnelles dans la cuisine créole, comme le touffé de requin ! Pour perpétuer cette tradition, les productions locales sont désormais insuffisantes, si bien que du requin congelé est importé pour satisfaire les besoins locaux.
Les accidents dus aux requins sont rares, voire inexistants aux Antilles
Quant aux accidents dus aux requins, ils sont rarissimes dans les Antilles. Certes les navigateurs et autres explorateurs des XVIIe et XVIIIe siècles ont rapporté des histoires d’attaques, mais aussi comment l’homme caraïbe, mangeur de poissons, combattait les requins, et comment ces combats acharnés avaient considérablement diminué le « nombre de ces êtres malfaisants (…) au sein des mers ».
Antilles aussi, les requins sont protégés
Aujourd’hui, si on pêche encore les requins dans les Antilles, la production globale reste faible, et quand un pêcheur fait un bon « coup de pêche » sur les requins, cela provoque une polémique médiatique, car les mentalités ont changé : un bon requin n’est plus un requin mort ! Il y a une conscience écologique grandissante qui fait reconnaître l’importance de conserver tous les éléments d’un écosystème pour le maintient de sa bonne santé ! Dans le maintien de cet équilibre, les requins ont un rôle majeur du fait de leur position terminale dans les chaînes alimentaires marines.
Des aires marines protégées (parcs et réserves marines) sont en développement dans les Antilles. Elles ne sont pas destinées spécialement à protéger les requins, mais les populations de requins qui vivent dans ces zones profitent de ces mesures conservatoires. On peut imaginer que dans quelques années, on puisse développer des activités écotouristiques ciblées sur les requins, qui comme dans d’autres régions tropicales, sont venues palier la décroissance des activités de pêche….
Bernard Séret, spécialiste des requins, ancien chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD et au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris (MNHN).